LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (XX/
Chat cajoleur
J'abrite en mon esprit un animal charmant
Dont la grâce embellit mes soirées solitaires,
Lourdes de souvenirs que sa patte légère
Chasse dans les recoins de mon appartement.
Dès que le ciel revêt de nocturnes diamants
Zélés à enflammer son regard de panthère,
Ce chat vient déchirer mes cauchemars polaires
D'une voix qui s'envole en tendres miaulements.
D'une griffe acérée, prestement, il lacère
Les échos sibyllins de ma tristesse amère,
Avant de me combler de soyeux frôlements.
Sur mon cœur apaisé, cajoleur, il se serre
En berçant mon sommeil de son ronronnement,
Pendant qu'un gai soleil s'avance au firmament.
Visions colorées
Sur la planète bleue,
De petits hommes verts
Tirent à boulets rouges
Sur les humains qui bougent
Pour éteindre l'enfer
Qui leur brûle les yeux.
Au cœur de mes nuits blanches
Tapissées d'idées noires,
Dans mes draps bleu pervenche,
Je rêve d'un désert
Pour composer des vers
Au pays de l'espoir.
Lassée de mes peurs bleues,
Je pars de but en blanc.
Je cours me mettre au vert,
Couler des jours heureux,
Loin de mon triste écran
Que je jette à la mer.
Près de mon cordon bleu,
Je vois la vie en rose
Même si je ris jaune
Devant les autochtones
Qui préfèrent la prose
À mes sonnets radieux.
Bric-à-brac de haïkus
Oiseau d'acier
Un oeuf tombé du ciel
Tue trois cents innocents,
L'oiseau était d'acier.
Amour éternel
Un vieux couple d'amants
Au sourire édenté,
Mais aujourd'hui ils pleurent.
Tonnerre
Un fracas violent,
L'enfant tombé sur le sol
Regarde le ciel.
Orchidée
L'orchidée sourit
Au soleil de printemps,
Enivrant parfum.
Filet du pêcheur
Filet du pêcheur
Dans la clarté de l'aurore
Nargue les poissons.
Soleil matinal
Soleil matinal
Accompagne le pêcheur,
Le silence est d'or.
Solitude à deux
Solitude à deux,
Agitation éphémère,
Nos corps inconnus.
Pêcheur de soleil
Pêcheur de soleil,
De ton filet minuscule
Les rayons s'envolent.
Mouche au soleil
Rayon de soleil,
Tu taquines le poisson,
Réveilles la mouche.
Libellule
Vive libellule,
N'approche pas du filet
Tes pattes minuscules.
Poète maudit
Poète maudit,
Laisse tomber ton stylo,
Ouvre la fenêtre.
Crise de foi
Tant pis pour la ligne,
Contre la crise de foi,
Les chocolats de Pâques.
Réveil félin
Mon chat se réveille.
Il manifeste sa faim.
Qu'il mange des mouches !
Poissons moqueurs
Le soleil brûlant
Affaiblit le vieux pêcheur,
Risée des poissons.
Papillon matinal
Brise du matin
Entraîne le papillon
Vers la fleur lointaine.
La danse de l'orge
Courbés par le vent,
Les épis d'orge enflammés
Dansent sur ma peau.
Barbe d'orge
Barbe d'orge blond
Offerte aux doigts du soleil
Frémit sous le vent.
Nature emprisonnée
Lumière rosée,
Végétation prisonnière
D'étranges barreaux.
Gourmandise d'ablette
Moustique sanglant,
Amuse-gueule d'ablette,
Quitte la rivière.
L'ombre d'un nuage
L'ombre d'un nuage
Dans le soleil de printemps
Sourit au marcheur.
Après trois verres
Après trois verres,
Ma moitié voit double
Et coupe les cheveux en quatre.
Tête au carré
J'ai fait une tête au carré
Au tiers
Qui matait ma moitié.
Rire jaune
Quand tu ris jaune,
Je vois rouge
Avant de broyer du noir.
Boire un demi
Boire un demi,
Voir double,
Manger comme quatre.
À Ikou
À Ikou, on cloue.
À Ikea, on boit.
À Igloo, on se noie.
Duel franco-japonais
Duel franco-japonais :
Pistolet à six coups
Contre sushi pas frais.
Sashimi
Sache ami
Que le sashimi
Sèche vite ici.
Patricia Guénot