SETTE POESIE DI PATRICIA GUÉNOT
Proseguiamo nella pubblicazione delle poesie che regolarmente ci manda l’autrice. Non sappiamo quanti lettori la seguano, anche per via della lingua. Pochi o tanti che siano pare che apprezzino.
Red
Paupière
Fermement abaissée pour offrir au dormeur
Un écrin ténébreux, la discrète paupière
Repousse vaillamment les sournoises lumières
Acharnées à briser le sommeil protecteur.
Vivement agitée pour dissiper les pleurs
Qui concluent bruyamment une rixe incendiaire,
Elle oppose au rival une adroite barrière
En drapant le regard d'un voile de pudeur.
Afin d'éliminer les infimes poussières
Qui mènent sur les yeux une danse guerrière,
Elle bat prestement, rebelle à la douleur.
Face aux noires visions de la mort familière,
Affichée sans répit sur l'écran en couleur,
Elle tire un rideau d'espoir pour le rêveur.
Anesthésie
Je résiste à l'anesthésie
Pour surveiller l'opération.
Je lutte contre les potions
En scandant de la poésie.
Aux portes de l'euthanasie,
J'implore une autre solution.
Je résiste à l'anesthésie
Pour surveiller l'opération.
Je déplore que mon sosie
Ait boudé ma proposition
De subir cette intervention.
De toutes mes fibres transies,
Je résiste à l'anesthésie.
Squelette morose
Sur son socle de bois, le silencieux squelette,
Au chagrin revêtu d'une calme blancheur,
Observe le ballet que les mains du masseur
Dansent sur l'abdomen d'une femme replète.
Figé dans un ennui lourd de regrets, il guette
Une enfant dénudée dont l'extrême maigreur
Prophétise un décès qu'en ange protecteur,
Il essaie d'empêcher par des messes secrètes.
Devant le corps musclé d'un cycliste amateur,
Il sent monter en lui une sourde rancœur,
Si bien qu'il agonit la force des athlètes.
Quand l'aile de la nuit chasse les visiteurs,
Le macabre pantin échafaude en cachette
Un projet d'évasion, qu'au matin il rejette.
L'an nouveau
Dans un déferlement de feuillages fanés,
Décembre en habit gris tire sa révérence
Au bord d'un horizon constellé de souffrances,
Impassible berceau d'un avenir mort-né.
La soirée se consume en festins raffinés
Aux alcools capiteux, consommés à outrance,
Dans les replis laiteux de la nuit qui s'élance
Vers l'abîme glacé d'un monde condamné.
Sous le ciel cotonneux, les rires se déchaînent
En vagues avinées d'amertume certaine
Qui meurent lentement aux portes du matin.
Quand l'aube frissonnante étend ses blanches ailes,
L'impatient carillon aux accents cristallins
Chante pour l'an nouveau sa tristesse éternelle.
La fleuriste
La fleuriste aux cheveux châtains,
Dressée dans son floral empire,
Assemble des gerbes de rire
Qu'elle égrène dès le matin.
Elle conseille avec chaleur
Les jeunes amoureux timides.
De ses mains aux gestes rapides,
Elle fait danser les couleurs.
Elle compose des bouquets
Où trône l'orchidée royale
Dont les magnifiques pétales
Se drapent d'un velours coquet.
Elle marie l'œillet soyeux
Au lys à la robe éclatante
Dans des compositions charmantes
Gorgées de parfums délicieux.
Immense capitale
L'immense capitale étale ses rues noires
Où l'ennui se déverse en torrent cancéreux
De venimeux cafard sur les cœurs douloureux,
Fatigués d'enchaîner des amours illusoires.
Drapés dans leur manteau de dédain dérisoire,
Les citadins s'enfuient des boulevards ombreux
Pour chercher le repos dans les rêves scabreux
Qui tapissent leur âme d'un espoir provisoire.
Aux portes de la nuit, les spectres de l'effroi
Répandent leur poison sur les trottoirs étroits,
Embrasés par les feux d'un couchant incendiaire.
À l'orée du matin, le silence glaçant
Se noie dans l'océan des peines routinières,
Qui plonge les cerveaux dans ses flots salissants.
Message de Dieu
Je suis votre Dieu magnifique.
Je ferai le monde autrement.
Constater vos égarements
M'a trop fait tourner en bourrique.
Vous voulez décrocher la lune,
Mais ce travail est inhumain,
Et je la remettrais demain
Bien que cela vous importune.
Je ferai une terre douce,
Vous apprécierez sa gaieté.
Je vous apprendrai à chanter
Et à vous rouler dans la mousse.
Je bannirai toute violence,
Chacun sera auprès des siens,
Vos bourreaux seront musiciens,
Ils se mettront même à la danse.
Hélas j'en ai pour des semaines.
Parfois mon désespoir est tel
Que je pleure d'être immortel,
De ma pluie j'inonde vos plaines.
Quand vous recevrez ce message,
J'aurai commencé mes efforts,
Détruit vos précieux coffres-forts
Au profit d'un juste partage.
Patricia Guénot