NUOVE POESIE DI PATRICIA GUÉNOT

Navire d’espoir – Bouquet de parfums - Troquet cradingue

- Navire d’espoir

Insensible au glacier qui confine mon cœur

Dans sa prison d’effroi au tréfonds du silence,

Je compose des vers au parfum d’espérance,

Assemblés en bouquets de quatrains enchanteurs.

J’offre mon corps transi aux soyeuses lueurs

D’un soleil amical qui convie à la danse

Le rossignol radieux dont la chanson s’élance

En enivrants diamants imprégnés de bonheur.

Sur le flot bouillonnant de mes désirs immenses,

Je navigue aujourd’hui loin des vaines souffrances

Que fomente l’ennui en habit de froideur.

À l’abri des filets que l’affreuse démence

Pose pour instaurer le règne de la peur,

Je conduis mon navire au pays des rêveurs.

- Bouquet de parfums

Dans le jardin de mon esprit,

Des filles graciles mélangent

Leurs corps en un bouquet étrange

Dont la fragrance me guérit.

Un remugle de chien mouillé

Succombe à la senteur soyeuse

D'une princesse malicieuse,

Habile à me désennuyer.

Une odeur de cigare froid

S'efface sous la douce haleine

D'une mystérieuse sirène,

Guide de mes brûlants émois.

L'épouvantable puanteur

D'une enfilade de poubelles

Meurt dans le parfum de cannelle

D'une dame chère à mon cœur.

Un effluve de rat crevé

S'éteint sous l'odeur envoûtante

D'une fée dont la main ardente

Conduit mes vertiges rêvés.

- Troquet cradingue

Dans la salle bondée du vieux troquet cradingue,

Une sirène amère accoste un boute-en-train

Qui saoule l'assemblée de ses vineux refrains

Aux accents saugrenus de lointaines bourlingues.

Accoudé au comptoir, un costaud frappadingue

Roule des yeux hagards vers un jeune marin

Occupé à noyer son mystérieux chagrin

Dans l'élixir qui perle au bout de sa seringue.

Sourd au charivari d'un groupe de serins,

Le patron silencieux pinte en rongeant son frein

Pendant que sa moitié prépare ses valdingues.

Le barman cogne un con qui fourre son tarin

Sur les jolis nibards d'une stupide bringue

Qui, sans lâcher un mot, s'arrache à tout berzingue.

- Faisons la guerre à la cuisine

Faisons la guerre à la cuisine

À coups de poêle ravageurs,

Au lieu de laver dans les pleurs

Les trahisons qui nous chagrinent.

Écharpons-nous dans la farine

Pour épancher notre rancœur.

Faisons la guerre à la cuisine

À coups de poêle ravageurs.

Lançons-nous d'amères tartines

Saupoudrées de mauvaise humeur,

Jusqu'à ce que notre fureur

Se change en caresses mutines.

Faisons la guerre à la cuisine.

- Plaisir invulnérable

Dévale le versant de l'ivresse.

Inverse le sens interdit de ta vie livide.

Avale l'essence de l'impudeur.

Envole-toi sur les volutes voluptueuses

De l'indécence incendiaire.

Dissous le linceul du silence

Dans la sève lascive de tes envies.

Descends le chemin de traverse

Jusqu'au puits d'insouciance.

Cueille les chardons de la chance.

Sème les germes de ta joie

Sur le sentier incandescent de tes frissons.

Souris aux lueurs de l'aube

Complice de tes désirs impavides.

Évade-toi dans le plaisir invulnérable.

- Insolent pouvoir

Quand ta main prend la mienne à l'approche du soir

Afin de m'insuffler ta joie de vivre immense,

Sous l'éclat de ton rire effritant le silence

En diamants dont les feux exaltent mon espoir ;

Quand l'étang de tes yeux noie les papillons noirs

Qui mènent dans mon âme une effroyable danse,

Pour éteindre l'écho de mes cris de souffrance

Germés dans mon passé sur le fil du rasoir ;

Quand ta voix, imprégnée d'une tendresse intense,

Murmure à mon oreille une chanson d'enfance

Pour chasser le chagrin qui s'acharne à pleuvoir ;

Mon esprit, enivré par ta chaude présence,

Oublie son désarroi avant de concevoir

Un hymne célébrant ton insolent pouvoir.

- Je te dédie ces roses

Au seuil de l'abandon, je te dédie ces roses

Assemblées en bouquet aux fringantes couleurs,

Message d'espérance au parfum du bonheur

Qui reviendra fleurir dans ton âme morose.

Quand ton cœur se flétrit sous la cendre des choses,

Au lieu de t'effondrer dans un torrent de pleurs,

Laisse-toi consoler par la magie des fleurs

Dont la beauté soyeuse, à la joie, te dispose.

Pour effacer le goût de ton amour déçu,

Cueille un baiser sucré sur le tendre tissu

D'une ardente corolle à la saveur exquise.

Quand les roses fanées joncheront ton esprit,

Tu te délivreras de ma coupable emprise

En jetant notre histoire au puits de ton mépris.

Patricia Guénot

Patricia Guénot
Società