LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (II/
Deux marguerites
Dans un champ de maïs qu'une brise légère
Berce sous la clarté du soleil estival,
Deux marguerites jouent un ballet végétal
En ployant de concert leur tête vers la terre.
Aussitôt qu'apparaît dans un bruit de tonnerre
Un monstre pestilent, habillé de métal,
Que conduit un sauvage au visage brutal,
Les belles ingénues frissonnent de colère.
Tandis que les assauts du colosse infernal
Délitent l'harmonie du décor pastoral,
Le tandem se revêt d'une inertie amère.
Dès que la nuit s'avance, un silence abyssal
Envahit le bocage où les rayons lunaires
Orchestrent sur les fleurs une danse éphémère.
Si vieux
Je suis si vieux, l'ami, que j'ai connu la Terre
À l'époque bénie où les maîtres des cieux
Protégeaient l'univers de l'orgueil pernicieux
Des humains acharnés à semer la misère.
Je suis si vieux, sais-tu, que j'ai vu le calvaire
De peuples décimés par des combats odieux,
Menés par des armées dont les soldats vicieux
Torturaient sans raison les prisonniers de guerre.
Je suis si vieux, crois-moi, que j'ai parlé aux dieux
Décidés à punir les mortels prétentieux
En noyant l'univers sous une pluie polaire.
Je suis calme aujourd'hui face au funeste épieu
Que l'ange du néant plonge dans mes viscères
Pour chasser le mépris de ma conscience amère.
Patricia Guénot