LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (XXXII/2007)

Violon hivernal - Frissons pluriels - Vénus lascive - Princesse du néant

Violon hivernal

Quand un aigre violon entonne dans le soir

Un refrain oublié aux notes hivernales,

Sous la fenêtre ornée d'un rideau de percale

Imprimé de bouquets de fleurs en entonnoir ;

La vieille solitaire affronte son miroir,

Insolent compagnon dont l'image brutale

Hante ses insomnies qu'une lune d'opale

S'acharne à délivrer de ses papillons noirs.

Aux portes d'un matin dont la grisaille étale

Couvre d'un froid linceul l'antique cathédrale,

Des nuages épais commencent à pleuvoir.

Quand un affreux tocsin plonge la capitale

Dans l'abîme où sévit l'ange du désespoir,

Une neige boueuse envahit les trottoirs.

Frissons pluriels

Dans ta nuit solitaire, agile funambule,

Je m’insinue, armée d’un fringant arc-en-ciel

De baisers précurseurs de plaisirs torrentiels,

Zélés à exalter tes rêves minuscules.

Au tréfonds de ton âme, émue, je déambule,

Afin de déposer un bouquet démentiel

De caresses gorgées de nos rires de miel

Jaillis dans le creuset de nos joies noctambules.

Je t’offre un chapelet de mots confidentiels

Dont la fièvre tarit la fontaine de fiel

De ton chagrin nourri de ténébreux scrupules.

Dans le jardin soyeux de nos frissons pluriels,

Je cultive la fleur du désir pour que brûle

La sauvage pudeur que tu me dissimules.

Vénus lascive

Dès qu’elle ouvre les yeux, le blanchâtre matin

Exhorte le soleil aux lumières timides

À embraser son corps dont les courbes splendides

Arborent fièrement leur robe de satin.

Dans les joyeux éclats de son rire argentin,

Vénus nue, insensible au temps qui se dévide,

Secoue lascivement, sous mon regard avide,

Les boucles veloutées de ses cheveux châtains.

Quand sa pose alanguie, en silence, m’invite

À couvrir de baisers son ventre qui palpite,

Je sème sur sa peau de rayonnants frissons.

La vague de désirs qui fond sur ma déesse

Avive sa beauté d’une telle façon

Que j’invente un faisceau d’insolentes caresses.

Princesse du néant

Étrange créature, issue de ma mémoire,

Princesse du néant, tu danses sur le fil

Des ténèbres glacées un boléro subtil

Dont l’insondable joie chasse mes idées noires.

Fille de l’espérance, ange prémonitoire,

Tu quittes mon esprit au mépris du péril

Pour offrir à la nuit ton sibyllin profil

De muette sylphide au visage d’ivoire.

Dans tes yeux cristallins scintillent les lueurs

De diamants insolents, imprégnés du bonheur

Que ton corps élancé trame dans la pénombre.

Sur tes cheveux de jais, les rayons argentés

D’une lune attentive à velouter les ombres

Dessinent un faisceau d’ardentes voluptés.

Patricia Guénot

Patricia Guénot
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