LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT XXII/2007
Fée magnifique
Prise dans les filets de ma dame de pique,
Ma reine farfelue, je dispute au poker
Mon fragile bonheur que le poignard pervers
Du mensonge déchire en éclats ironiques.
Sous son masque effilé d'oiseau anorexique,
Abandonné au cœur d'un éternel hiver,
Se cache une guerrière au courage de fer,
Dardant ses traits subtils jusqu'à ce que j'abdique.
Son regard constellé de reflets outremer
Immerge l'écheveau de mes soupçons diserts
Dans le flot bouillonnant de sa tendresse unique.
Son sourire abolit mes souvenirs amers,
Si bien que, dans les bras de ma fée magnifique,
Je savoure la joie qu'elle me communique.
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Princesse du néant
Étrange créature, issue de ma mémoire,
Princesse du néant, tu danses sur le fil
Des ténèbres glacées un boléro subtil
Dont l'insondable joie chasse mes idées noires.
Fille de l'espérance, ange prémonitoire,
Tu quittes mon esprit au mépris du péril
Pour offrir à la nuit ton sibyllin profil
De muette sylphide au visage d'ivoire.
Dans tes yeux cristallins scintillent les lueurs
De diamants insolents, imprégnés du bonheur
Que ton corps élancé trame dans la pénombre.
Sur tes cheveux de jais, les rayons argentés
D'une lune attentive à velouter les ombres
Dessinent un faisceau d'ardentes voluptés.
Sulfureux vampire
Au tréfonds de la nuit, le sulfureux vampire
Joue les chances de l'homme aux cartes du hasard
En tuant les flâneurs dont le vermeil nectar
Allume des lueurs sur son masque de cire.
Sur les pas des piétons dont le sang frais l'attire,
Il distribue la mort au gré des boulevards
En volant des baisers au tranchant de poignard,
Avant de s'éloigner dans un éclat de rire.
Le monstre, sourd aux cris des humains dont le sang
Le mène sur un flot de plaisir indécent,
Transforme la cité en brûlant cimetière.
Aux portes du matin, un soleil infernal
Darde sur le charnier ses limpides lumières
Pour tenir en éveil les puissances du mal.
Patricia Guénot