LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT – X/2007
Rossignol enchanteur
Le vieux dépenaillé, voûté par la tristesse,
Assiste en tremblotant au ballet des canards
Sur le lac constellé d’immenses nénuphars
Qu’un aimable zéphyr berce de ses caresses.
Dans le silence amer des regrets qui l’oppressent,
S’éteignent les échos de ses rêves épars,
Tandis qu’il dépérit derrière le rempart
De son regard glacé, dépourvu de tendresse.
Dès que des garnements se ruent de toute part
En brisant son repos de leurs rires braillards,
Il les repousse à coups de canne vengeresse.
Aussitôt que surgit un rossignol bavard,
Le vieillard, que ravit sa voix enchanteresse,
Sent fleurir en son cœur un bouquet de promesses.
Ruban d'espoir
Les lueurs de l’aube opaline
Éclaboussent la nuit.
Le soleil froisse les rêves tardifs.
Le cri du coq lointain
Déchire le silence
Pour éveiller le jour.
L’essaim de nuages hésite à pleuvoir
Avant de s’éloigner,
Chassé par le vent implacable.
Le bateau frémit
Sur la mer dentelée
Qui effleure l’horizon.
L’oiseau léger
S’envole en agitant
La cendre des choses.
Le temps impassible
Dévide l’écheveau des souvenirs
En soyeux ruban d’espoir.
Palais de la gourmandise
Au palais de la gourmandise,
Les gâteaux déploient leurs senteurs
En un doux ballet précurseur
D’un goûter aux saveurs exquises.
Une timide adolescente,
Vêtue d’une robe lilas,
Déguste un cake au chocolat,
Suivi d’une glace à la menthe.
Un soldat, flanqué d’une fille
Aux yeux flamboyants de gaieté,
Trempe dans sa tasse de thé
Une tartelette aux myrtilles.
Une étrangère à la peau mate
Dévore une portion de flan,
Sous l’œil d’un vieillard corpulent,
Attablé devant une eau plate.
À l’heure de la fermeture,
Une dame au visage rond
Court féliciter le patron
Pour sa crème au coulis de mûres.
Mort aimable
Quand le passé déverse un torrent de souffrances
Nichées dans les recoins de chaque souvenir
Sur mon cœur affaibli, dépourvu de désirs,
Sinistre compagnon de ma désespérance ;
Quand le présent répand l’amère putrescence
De la vaine amitié, zélée à me trahir,
Sur mon âme blessée, épuisée de subir
L’implacable poignard de l’infernal silence ;
Quand le linceul glacé qui couvre l’avenir
Étouffe l’horizon qui commence à noircir
Sous les feux maladifs d’un soleil sans défense ;
Mon esprit avisé m’intime de mourir
Afin de mettre un terme au désarroi immense
Qui creuse mon tombeau dans la nuit qui s’avance.
La fleuriste
La fleuriste aux cheveux châtains,
Dressée dans son floral empire,
Assemble des gerbes de rire
Qu'elle égrène dès le matin.
Elle conseille avec chaleur
Les jeunes amoureux timides.
De ses mains aux gestes rapides,
Elle fait danser les couleurs.
Elle compose des bouquets
Où trône l'orchidée royale
Dont les magnifiques pétales
Se drapent d'un velours coquet.
Elle marie l'œillet soyeux
Au lys à la robe éclatante
Dans des compositions charmantes
Gorgées de parfums délicieux.
Mort aimable
Quand le passé déverse un torrent de souffrances
Nichées dans les recoins de chaque souvenir
Sur mon cœur affaibli, dépourvu de désirs,
Sinistre compagnon de ma désespérance ;
Quand le présent répand l’amère putrescence
De la vaine amitié, zélée à me trahir,
Sur mon âme blessée, épuisée de subir
L’implacable poignard de l’infernal silence ;
Quand le linceul glacé qui couvre l’avenir
Étouffe l’horizon qui commence à noircir
Sous les feux maladifs d’un soleil sans défense ;
Mon esprit avisé m’intime de mourir
Afin de mettre un terme au désarroi immense
Qui creuse mon tombeau dans la nuit qui s’avance.
Ange d'espoir
Je suis l’ange d’espoir qui blanchit l’horizon
Pour guider les mortels aveuglés par la haine
Vers le futur radieux où les âmes sereines
Sèmeront le bonheur en toutes les saisons.
Je suis la cheminée qui chauffe la maison
En crépitant le soir son ardente rengaine,
Afin de calciner la jalousie obscène
Qui insuffle aux humains le goût des trahisons.
Je suis l’eau qui bouillonne au creux de la fontaine
Pour laver les esprits des effroyables peines
Que l’inhumanité y déverse à foison.
Je suis le vent fougueux qui décoiffe la plaine
Pour porter les parfums de ses gaies floraisons
Jusqu’au tréfonds glacé des sinistres prisons.
Passé amer
Je viens d'un vieux village où la lune prolonge
Le silence glacé du paysage empreint
D'une mélancolie où les rayons chagrins
D'un soleil moribond, sinistrement, s'épongent.
J'enterre dans mon cœur la ruelle qui longe
L'église poussiéreuse à la cloche d'airain,
Refuge improvisé de muets pèlerins
Dont la fatigue éteint les doutes qui les rongent.
Prise dans les filets de mon passé, je crains
Que mes regrets ne noient mes rires souverains
Dans l'océan amer de mes scabreux mensonges.
Quand l'aurore blanchit mon horizon restreint,
Brusquement délivrée de ma peine, je plonge
Dans l'antre du futur, où s'étouffent mes songes.
Prière au printemps
Soleil, viens effacer par ta chaude caresse
La neige maculée qui voile le décor,
Avant de déchirer sous tes lumières d’or
Le brouillard hivernal, imprégné de tristesse.
Rossignols, célébrez en chantant la noblesse
De l’aurore pétrie de champêtres trésors,
Pour que le firmament, charmé par vos accords,
Éloigne prestement les nuées qui m’oppressent.
Remplace, exquis zéphyr, le vent glacé du nord,
Dont le souffle puissant me lacère le corps,
Afin de m’apaiser au creux de ta tendresse.
Printemps, apporte-moi le soyeux réconfort
De ta gaieté fleurie de la douce promesse
D’oublier dans tes bras la froideur qui me blesse.
Patricia Guénot