LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (VII/
Prière au printemps
Soleil, viens effacer par ta chaude caresse
La neige maculée qui voile le décor,
Avant de déchirer sous tes lumières d'or
Le brouillard hivernal, imprégné de tristesse.
Rossignols, célébrez en chantant la noblesse
De l'aurore pétrie de champêtres trésors,
Pour que le firmament, charmé par vos accords,
Éloigne prestement les nuées qui m'oppressent.
Remplace, exquis zéphyr, le vent glacé du nord,
Dont le souffle puissant me lacère le corps,
Afin de m'apaiser au creux de ta tendresse.
Printemps, apporte-moi le soyeux réconfort
De ta gaieté fleurie de la douce promesse
D'oublier dans tes bras la froideur qui me blesse.
Le vieux chêne
Le vieux chêne à cinq troncs
Offre sa chevelure frémissante
À la tiède brise du soir.
Il retient tendrement
Les derniers rayons du soleil.
Il étend son ombre immense
Sur la rivière assoupie.
Les pieds chaussés de mousse,
Il veille sur la prairie et ses habitants.
L'écureuil, le pigeon, le coquelicot,
S'endorment en paix.
Dans la nuit silencieuse,
Sa peau ridée s'assombrit.
Il se souvient des jeunes amants
Qui venaient s'enlacer
Sous son feuillage complice.
Le murmure du vent apporte
L'écho de leurs soupirs.
L'horizon rougeoyant reflète
La beauté de leurs visages en feu.
Gorgé de l'espoir distillé
Par sa sève attentive,
Le vieux chêne les attend.
Patricia Guénot