LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (XXXIII/2007)
Noël joyeux
Cependant que décembre enveloppe la ville
D’une neige grisâtre, inapte à racheter
Les consciences pétries de noires lâchetés,
La foule se répand en rires volubiles.
Tandis que les bouquets de guirlandes profilent
Des grappes de gamins au regard enchanté,
Le sombre bataillon des clochards édentés
Perpétue son ballet de tremblements fébriles.
Dès qu’un pâle soleil éveille la cité,
Les hommes sacrifient leurs rêves exaltés
Sur l’autel indécent des voluptés futiles.
Insensible au tocsin qui s’active à chanter
La symphonie glacée des années qui défilent,
Noël joyeux fleurit les douillets domiciles.
Lune châtiée
Afin de terrasser la lune
Qui, depuis toujours, l’éconduit,
Le soleil incendie la nuit
De ses lumières importunes.
Mû par une vive rancune,
Il demande au ciel son appui,
Afin de terrasser la lune
Qui, depuis toujours, l’éconduit.
Aussitôt que surgit Neptune,
La belle, épouvantée, s’enfuit,
Si bien que Jupiter construit
Une fusée de lave brune,
Afin de terrasser la lune.
Il y a des choses qui donnent confiance :
- Une mention à un examen qu’on croyait avoir raté par manque de préparation.
- Le sourire aimable de l’examinateur le jour du passage du permis de conduire, alors qu’on a déjà échoué trois fois. On pense que cette fois sera peut-être la bonne, qu’on sera attentif à chaque stop, à chaque feu rouge, et qu’aucun passant malveillant ne viendra se jeter sous nos roues.
- Le maître nageur qui arpente scrupuleusement les contours de la piscine. On se dit qu’on peut paresser tranquillement, les enfants sont en sécurité sous son regard vigilant.
- L’émotion humide dans les yeux d’un ami auquel on vient de lire timidement notre dernier texte en guettant ses réactions, tellement peu sûr de soi qu’on est surpris de l’avoir touché.
- La première soirée passée avec des amis après des mois d’isolement. On n’a eu à subir aucun regard de curiosité insistante, tout s’est déroulé agréablement, on attend impatiemment de renouveler cette expérience.
- La vue des chalets en bas de la piste après une longue descente à skis dont on craignait de ne jamais revenir vivant. On pense déjà aux plaisirs réconfortants qui nous attendent : enlever les lourdes chaussures et les vêtements humides, enfiler des habits douillets et confortables, prendre un goûter revigorant, un chocolat fumant très sucré et de grandes tartines de pain frais beurré.
- Le chirurgien qui se dirige vers nous d’un pas affairé mais guilleret au sortir de l’opération d’un parent. Son regard clair se pose sur nous, il va nous expliquer le déroulement de l’intervention, le pire est évité, le cauchemar est effacé.
Patricia Guénot