LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT (XXVIII/2007)

Jardin de l’enfance - Crocodile affamé

Jardin de l’enfance

Je garde au fond du cœur mon jardin de l’enfance,

Où germe un chapelet de refrains enchanteurs

Qui ponctuent le ballet des crayons de couleur,

Habiles pourfendeurs des devoirs de vacances.

Dans mon âme palpite un village de France,

Où le gai rossignol célèbre la douceur

Du soleil bienveillant dont les tièdes lueurs

Mènent sur la fontaine une enivrante danse.

Le crissement aigu de la plume d’acier,

Que dirige ma main sur le laiteux cahier,

Résonne tendrement au creux de ma mémoire.

La craie sur le tableau trace un savant lacis

De présages radieux, inscrits sur le grimoire

De mes jeunes années, exemptes de soucis.

Crocodile affamé

Tant d'animosité pour un ou deux vauriens

Dévorés par erreur durant le crépuscule !

Ils nageaient devant moi, ces hommes minuscules,

Bouchées de premier choix pour un noble saurien.

Je suis seul à présent, il ne reste plus rien

À grignoter ici à part les libellules

Que je n'ose manger craignant le ridicule,

Le Nil est plus désert que le Nord sibérien.

De ce fleuve attristant, je quitte les rivages,

Tenaillé par la faim et mes désirs sauvages,

La gueule ouverte au vent, le regard poudré d'or.

Dès demain, je rejoins mon cousin d'Amérique

Sur le Mississippi, un fier alligator.

Le blues éloignera mes pensées nostalgiques.

Patricia Guénot

Patricia Guénot
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