LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT XXIII/2007
L'aveugle
Il darde obscurément sa canne trébuchante
Dont la froideur s'exprime en claquements brutaux,
Jouant sur le pavé le sombre concerto
De l'homme condamné aux ténèbres glaçantes.
Dans le printemps drapé de couleurs insolentes,
L'implacable néant referme son étau
Sur la prunelle éteinte, offerte en ex-voto
À l'avenir jonché d'illusions foudroyantes.
Sous le regard distrait d'impavides fêtards,
L'aveugle s'aventure aux confins du hasard,
Royaume dévasté, bordé de crépuscule.
Quand la ville s'étire au soleil de midi,
Il se fond dans sa nuit, impatient vestibule
De la mort attendue par son cœur alourdi.
Flambant carnaval
Un joyeux carrousel de masques tourbillonne
Sur la piste étoilée où les fringants danseurs
Profitent de l'écran qui voile leur pudeur
Pour épancher leur cœur doux comme un soir d'automne.
Au rythme des chansons, les jeunes gens frissonnent
Dans la nuit déchirée par l'immense clameur
Des rires enflammés exhalant la candeur
Des couples inédits dont le bonheur rayonne.
Portés par la gaieté du flambant carnaval,
Les amoureux tournoient sous les lampions du bal,
Jusqu'à la douce ivresse exaltant leur tendresse.
Les masques déchirés aux heures du matin
Font place à l'émotion des lèvres qui se pressent,
Dans une symphonie de frémissants instincts.
Patricia Guénot