LA POESIA DI PATRICIA GUÉNOT XIII/2007
Jardin de l'enfance - Volutes - Vampire déchu - Guitariste solitaire
Jardin de l'enfance
Je garde au fond du cœur mon jardin de l'enfance,
Où germe un chapelet de refrains enchanteurs
Qui ponctuent le ballet des crayons de couleur,
Habiles pourfendeurs des devoirs de vacances.
Dans mon âme palpite un village de France,
Où le gai rossignol célèbre la douceur
Du soleil bienveillant dont les tièdes lueurs
Mènent sur la fontaine une enivrante danse.
Le crissement aigu de la plume d'acier,
Que dirige ma main sur le laiteux cahier,
Résonne tendrement au creux de ma mémoire.
La craie sur le tableau trace un savant lacis
De présages radieux, inscrits sur le grimoire
De mes jeunes années, exemptes de soucis.
Volutes
Je vis assis chez moi, dans un sombre quartier,
La peau grise et marbrée d’innombrables brûlures.
Les cendres de ma vie finissent dans l’évier.
J’ai toujours un mégot près de la commissure.
Comme l’envol joyeux de jeunes éperviers,
La fumée que j’inhale apaise mes blessures.
L’instant suivant, roi mat sur un triste échiquier,
Je rêve de m’enfuir par un trou de serrure.
Quand le bout de mes doigts prend la couleur du foin,
Que mon corps épuisé menace de syncope,
J’en allume encore une et la fume avec soin.
Tant pis si mes poumons font peur au stéthoscope,
Sur un nuage bleu, je partirai très loin.
Pourvu que l’au-delà autorise les clopes !
-Vampire déchu - Guitariste solitarie -
Vampire déchu
Arrière, être maudit, bouffi de pourriture,
Immonde meurtrier au masque dévasté
Par la griffe du temps, zélée à effriter
Ta carcasse affaiblie d’où la haine suppure !
Éloigne-toi, démon dont la noire stature
Hante les boulevards de l’austère cité
Jusqu’aux lueurs d’une aube inapte à supplanter
La ténébreuse horreur de tes fêtes impures.
Efface ton sourire aux crocs ensanglantés,
Prophètes silencieux de l’inhumanité
De ton esprit dément, affamé de tortures.
Disparais à l’orée du jour prompt à chanter
Un concerto d’espoir où le soleil augure
Un avenir radieux, exempt de tes souillures.
Guitariste solitaire
Dès que la nuit éteint la rumeur citadine,
L’homme quitte la chambre où son espoir décline,
Pour flâner au hasard, seul avec sa guitare.
Il entonne un couplet sur le quai de la gare,
Sous l’œil indifférent des voyageurs pressés,
Avant d’aller chanter dans le parc hérissé
De tilleuls argentés dont les tendres fragrances
Conduisent ses pensées au pays de l’enfance.
Il cisèle un bouquet d’arpèges aux couleurs
Des échos chatoyants de ses premiers bonheurs.
Patricia Guénot