LES JEUX NE SONT PAS FAITS (I GIOCHI NON SONO FATTI)

Le temps des enfants-objets (Il tempo dei bambini-oggetto (DA "Monde et Vie 871 - février 2013")

Le temps des enfants-objets

Une réforme chasse l'autre : l'affaire du « mariage » inverti et de l'adoption par les homosexuels n'est pas encore réglée que le gouvernement annonce déjà, par une « fuite » auprès de journalistes, le prochain bras de fer sur le vote des immigrés extra-européens aux élections locales. Curieuse manière d'introduire un débat ! Cette fuite était-elle préméditée ou s'agit-il d'une gaffe ? Dans un cas comme dans l'autre, c'est un faux pas.

D'autres réformes de société, non moins dangereuses, sont en cours. Les lois de bioéthiques sont ainsi révisées, sans nécessité apparente, sinon pour les groupes d'intérêt qui promeuvent la recherche sur l'embryon - qui n'a jamais donné de résultat - et pour le Grand-Orient de France. C'est une œuvre de mort qui se prépare.

Par ailleurs, dans le droit fil du « mariage » et de l'adoption par les homosexuels, se profile une autre bataille, contre l'ouverture aux couples de lesbiennes de la procréation médicalement assistée (PMA) et contre la légalisation de la gestation pour autrui (GPA), qui permettrait aux couples d'homosexuels mâles de recourir à une mère porteuse pour entrer en possession d'un enfant. La formule est laide, mais c'est la seule qui convienne. L'enfant n'est plus un don de Dieu - ou de la nature, pour les incroyants -, mais devient la propriété des adultes, propriété sur laquelle ces derniers ont un « droit ».

On choisit une propriété, on ne la reçoit pas du ciel. La GPA le permettra. Certes, le recours à la location d'utérus n'est pas encore autorisé en France, mais le projet est en route, comme le montre la décision du ministre de la Justice, Christiane Taubira, de délivrer des certificats de nationalité française aux enfants nés de mère porteuse à l'étranger. Des homosexuels français pourront donc, demain, louer le ventre d'une pauvresse aux Philippines ou au Bengladesh, et obtenir très officiellement la citoyenneté française pour l'enfant qui naîtra de cette transaction honteuse. « Quelle hypocrisie ! », s'écrieront les belles âmes. Et elles auront raison. Tellement raison, même, que les raisonneurs les suivront : est-il concevable, demanderont-ils, que des homosexuels riches aient les moyens de se payer un enfant à l'étranger et que d'autres, plus pauvres, en soient privés ? Je vous fiche mon billet qu'ils nous prêcheront l'égalité et la lutte contre les discriminations sociales, d'autant plus qu'entre-temps, la PMA, insérée dans le projet de loi « famille » annoncé pour le mois de mars 2013, aura été autorisée. Pourquoi les lesbiennes et pas les homos ? On peut prévoir que d'ici quelques années, la GPA sera autorisée en France.

On choisit sa propriété : si notre société s'engage dans cette logique funeste, si nous consentons à cette réification de l'être humain, il ne se passera pas très longtemps avant que nous n'en arrivions à l'eugénisme et à la sélection des bébés que l'on choisira sur catalogue génétique, en fonction de son sexe, de ses caractéristiques physiques, du QI des parents… Il ne s'agit pas de science-fiction : en juillet 2010, Le Monde Magazine avait consacré un article à « la clinique des bébés sur mesure ». Installé dans la banlieue de Los Angelès, le Fertility Institute utilise la technique de la fécondation in vitro pour sélectionner des embryons dont le sexe - en attendant mieux - corresponde aux attentes des futurs parents.

Il est encore temps d'éviter ce « meilleur des mondes ». La première bataille contre le mariage inverti et le droit de propriété de l'adulte sur l'enfant a lancé plus d'un million de Français dans les rues de Paris et la partie ne sera pas encore perdue si la loi est néanmoins votée. On a déjà vu des lois votées être abrogées. Pour les droits de l'enfant, ne lâchons pas.

Eric Letty

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Giustizia